« Je ne manifeste pas pour ma retraite »
Chers collègues, consœurs, confrères, orthophonistes de tout poils, adhérents FOF et thérapeutes, artisans de santé
Je vous propose un lieu de rendez-vous avant le départ de la manifestation de Paris, métro Sèvre Babylon à 14h. Retrouvons nous à la pointe de l’hôtel Lutecia entre le bld Raspail et la place Alfonse Deville.
Je ne manifeste pas pour ma retraite.
Je précise que j’exerce en libéral après dix années de remplacements dans différentes structures dans le public et dans le privé non lucratif et lucratif, plus ou moins hospitalières.
Je manifeste pour repenser le travail et les services de santé, de scolarité, de justice. Je manifeste pour préserver le programme du conseil national de la résistance, à commencer par la sécurité sociale qui, convenons-en, nous salarie tous. Je manifeste parce que le mouvement social, pour paraphraser Pierre Bourdieu, est le lieu de réflexion privilégié d’une société qui essaie de se repenser elle-même.
Je manifeste contre l’intensification générale du travail. Je manifeste car la pénibilité n’est pas seulement physique, elle peut être psychique. Je manifeste pour les amis, orthophonistes ou autres, en arrêt pour épuisement, trop plein, burn out.
Je manifeste car le recours à l’AMO 14 pour contrer la baisse du pouvoir d’achat ne me satisfait pas. Je manifeste pour un salaire à hauteur du BAC +5 pour les collègues, je manifeste pour l’acte unique et la revalorisation du point. Je manifeste pour plus d’éthique. Je manifeste aussi pour les profs qui n’en peuvent plus, les aides soignants, les auxiliaires de puériculture, ces professionnelles dont le travail est essentiel au nôtre. Car soigner le salariat du public et du privé c’est aussi limiter la longueur des listes d’attente dans nos cabinets. Et limiter la longueur des listes d’attente dans nos cabinets, c’est un des moyens pour moi d’assurer un soin de qualité, sensible et patient à la population locale de mon lieu d’exercice.
Je manifeste pour les enfants que je reçois et l’enfant que j’élève.
Discutons-en au pied du Lutécia, ou le long du cortège vers la place d’Italie.
J’aurai un casque de vélo jaune fluo sur la tête avec un autocollant FOF et des lunettes de soleil rouges en forme de cœur (non, les lunettes c’est pour rire).
Anne Paulin