Notre conception de l’orthophonie

Notre conception du langage

L’orthophonie est une profession de soin qui a la particularité d’agir sur et par le langage.
Le langage structure l’être parlant dans sa singularité et sa créativité. Ce n’est pas seulement le langage comme outil de communication et d’information qui est notre objet, mais d’abord le langage dans sa puissance d’évocation. Cette conception du langage nous amène à considérer la dimension psychique nécessairement impliquée, pour le patient comme pour l’orthophoniste. Elle est en jeu dans toute manifestation de trouble du langage et dans toute intervention visant à y remédier.
Ce n’est pas le langage envisagé comme une fonction isolée, le patient étant considéré comme une somme de fonctions à normaliser, qui nous importe. Ce qui prévaut, c’est le rapport que le patient entretient avec le langage, la manière dont il en est affecté comme être parlant et qui se manifeste par des altérations, des dysfonctionnements, des pertes, des inhibitions ; et ce, quelle que soit l’étiologie des troubles.

​L’orthophonie, une profession de soin​

Le langage ne s’apprend pas, il se transmet, de manière toujours singulière puisque le propre du langage humain est de ne pas être réductible à un système de signes. L’inscription dans le langage, le maniement de la langue et la prise de la parole nécessitent un autre. C’est la fonction symbolique.
L’engagement d’un travail avec le patient ne peut donc pas obéir à une injonction, fût-ce au nom de son bien, ni reposer uniquement sur une évaluation qui se voudrait objective. L’écart entre les troubles constatés et la plainte qui supporte l’adresse d’une demande est ce qui nous guide dès le premier temps de la rencontre avec le patient.
Les moyens techniques sont des médiations qui doivent être pensées en cohérence avec notre conception du langage. Il ne s’agit pas de viser, par la répétition et le conditionnement, une efficacité mesurée par la réponse à des stimuli mais de chercher les conditions d’un investissement, d’une appropriation. Cela implique de respecter les conditions inhérentes à l’investissement langagier et à l’adresse d’une demande : le lien à l’autre.

Relation thérapeutique, respect, éthique et liberté

Ce lien, qui relève de la subjectivité, prend appui sur une déontologie et une éthique :
L’orthophoniste accueille l’individu en tant qu’être humain, organisé autour de ses idéaux et qui s’affirme dans ses choix, ses contradictions, ses résistances. Cela se traduit par le respect de l’intimité, du cadre de travail, de la confidentialité, au travers d’une pratique rigoureuse et intègre. Cela vaut pour le praticien vis-à-vis de ses patients mais aussi envers ses collègues et ses différents partenaires de travail et répond aux règles de la déontologie.
La FOF se réclame depuis son origine d’une éthique de l’être parlant, du sujet, qui découle de notre conception du langage, qui ne saurait être fractionné en « modules » : langage, lecture, mémoire, concentration…
L’orthophoniste doit donc avoir la liberté de penser sa pratique en articulant théorie et clinique et de construire ainsi une position de travail. Cela n’est pas compatible avec la standardisation des techniques, l’érosion des spécificités, l’interchangeabilité des praticiens considérés comme des techniciens au service d’une norme idéale.